La hausse des taux d’intérêts et les banques commerciales en France
Cela n’aura échappé à personne, nous venons d’entrer dans une période inflationniste. A quoi cela est-il dû et quelles sont les conséquences ? Retour sur le phénomène économique de l’inflation.
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Un contexte favorable à la hausse des taux d’intérêt
Après les gros efforts consentis par les institutions pour limiter les effets de la crise depuis 2020, un contrecoup était redouté. Après plusieurs trimestres de hausse, les marchés financiers ont connu de fortes baisses (le CAC 40 a perdu 1400 points depuis janvier). L’inflation atteint des niveaux inégalés depuis des décennies (8% aux États-Unis et une inflation prévisionnelle de 6,8% en France selon l’INSEE). Par ailleurs, le marché des cryptoactifs a connu des pertes inédites. Les « Non Fongible Token », après avoir connu un succès fulgurant à la fin 2021, se sont écroulés, ainsi que les cryptomonnaies. La guerre en Ukraine enfin est venue dégrader la situation, débouchant sur la hausse importante des prix de certains produits et de l’énergie, des pénuries, et pourrait encore avoir des effets à venir.
Cette conjoncture a et aura des conséquences majeures, dont l’une des principales est l’augmentation des taux d’intérêt. Il y a toujours eu une corrélation entre inflation et taux d’intérêt élevé. Au pic de l’inflation à la fin des années 1970, les taux directeurs de la banque centrale étaient de 15%. Aujourd’hui, en Europe c’est la Banque Centrale Européenne (BCE) qui fixe les taux directeurs. Mais la logique n’a pas évolué : la FED a déjà augmenté ses taux d’environ 1,5% depuis janvier. En Europe, si les anticipations des banques commerciales ont déjà abouti à une hausse des taux d’intérêt proposés aux clients (entre mai 2021 et 2022, les taux prêts personnels ont progressé en moyenne de 0,18%), les taux directeurs restent stables. Cependant un communiqué de presse du Conseil des Gouverneurs a annoncé unehausse de 0,25% au premier juillet, une autre en septembre, puis d’autres à court terme.
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Une exposition particulière des banques commerciales françaises
Le Produit Net Bancaire des banques commerciales françaises est majoritairement dû aux marges de taux d’intérêt. Il est donc naturel que les variations de ceux-ci impactent leur résultat et leur comportement.
Les taux, notamment ceux appliqués pour les crédits immobiliers, se sont trouvés rapidement être des taux d’appel, permettant de capter les flux et les autres en-cours des clients. Or la captation des flux bancaires est aujourd’hui l’une des priorités des banques, qui de plus en plus se dotent de services dédiés. Une hausse du coût de refinancement a donc une influence sur elles et les contraint à modifier leur fonctionnement.
L’augmentation des taux d’intérêts : un effet ambigu à court terme sur les banques
Il est clair que la hausse des taux d’intérêt est un indicateur négatif pour les clients emprunteurs, puisqu’avant même que la hausse soit opérée en Europe elle a déjà des répercutions sur leurs charges. L’inverse est-il vrai pour les banques ? La réponse est nuancée. Puisque les taux sont utilisés comme facteur de bancarisation, les banques commerciales ne peuvent pas se permettre de les répercuter dans les mêmes proportions que la BCE. Le risque est donc pour elles de pratiquer des taux plus hauts, mais pas suffisamment pour couvrir le coût supplémentaire de leur refinancement, ce phénomène étant renforcé par la hausse de la rémunération des livrets d’épargne tels que le livret A, à 1% aujourd’hui.
Un autre effet ambigu de cette hausse est que les taux bas permettent un volume d’investissement important. Or les ménages et les entreprises sont sensibles à l’augmentation de leurs charges, et une hausse du coût des crédits limiterait leur nombre. La pratique montrera dans les prochains mois si cette diminution de volume sera compensée par la hausse des taux, mais à court terme les banques peuvent être inquiètes pour leurobjectif de 2022.
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Une hausse des taux d’intérêts favorable à long terme ?
Passée cette période de transition, il semble que la hausse des taux d’intérêt soit un facteur de croissance pour les banques à partir de 2023. L’expérience a montré que plus les taux sont élevés, plus la rémunération de la banque est importante. Mais leur comportement pourrait être modifié en cas de hausse durable. En se fondant sur ce que l’on peut observer actuellement, on devrait distinguer deux types d’institutions parmi les grands groupes. Ceux, comme la Société Générale, qui augmenteront rapidement leur taux pour augmenter les profits à court terme, et les autres, mutualistes principalement, qui garderont les taux bas à court terme pour continuer à capter les flux avant de répercuter progressivement la hausse des taux.
De plus, dans un contexte où environ douze millions de français vivent sous le seuil de pauvreté, les crédits à la consommation et les prêts personnels sont devenus un moyen de financement de plus en plus utilisé par les particuliers, et risquent de se développer encore, ce qui, corrélé avec la hausse des taux pourrait en faire l’une des principales sources de bénéfice des banques dans un futur proche.
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