Multiples de valorisation : les clés pour évaluer une entreprise

Multiples de valorisation : les clés pour évaluer une entreprise

Les multiples de valorisation sont des outils puissants pour comparer la valeur d’une entreprise à ses performances opérationnelles. Ils offrent un moyen rapide et intuitif de benchmarker les entreprises et d’évaluer leur valeur relative. Cependant, le choix du multiple adéquat est crucial. Il doit mettre en avant l’aspect spécifique que vous souhaitez évaluer, tout en respectant une cohérence dans leur application. Découvre dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur les multiples les plus courants !

Par exemple, une entreprise peut être valorisée via sa Valeur d’Entreprise (EV) ou sa Valeur des Capitaux Propres (EqV). La différence réside dans le type de métrique utilisé avec le multiple :

Avec l’EV, la métrique choisie doit être indépendante de la structure du capital (ex. avant les frais d’intérêt).

Avec l’EqV, la métrique doit dépendre de la structure du capital (ex. après les frais d’intérêt).

     

Les multiples les plus courants

Voici quelques-uns des multiples les plus courants et leurs applications pratiques :

EV/CA :

  • Pertinent pour les entreprises non rentables, comme les startups.
  • Ce multiple met l’accent sur la performance en termes de revenus, utile pour les entreprises en phase de démarrage.

EV/EBITDA :

  • Un des multiples les plus comparables car l’EBITDA est un bon proxy de la trésorerie générée par l’entreprise.
  • Ce multiple met en évidence l’efficacité opérationnelle d’une entreprise et sa capacité à générer des liquidités.

EV/EBIT :

  • Utile pour mesurer la rentabilité opérationnelle en tenant compte des amortissements et dépréciations.

RN/CP (ROE - Return in Equity) :

  • Évalue la rentabilité des capitaux propres, en montrant l’efficacité d’une entreprise à générer des bénéfices pour ses actionnaires.

PER (Price-to-Earnings) :

  • Très prisé des investisseurs en actions, ce multiple mesure combien les investisseurs sont prêts à payer pour chaque euro de bénéfices.
  • Cependant, ce ratio dépend fortement de la structure du capital et peut varier considérablement selon les secteurs.

    

Multiples pour analyser la dette et les investisseurs

Dette Nette/EBITDA :

Ce multiple évalue le niveau d’endettement et la santé financière de l’entreprise :

  • Un ratio inférieur à 2 indique un niveau de dette maîtrisé.
  • Les entreprises avec un faible ratio Dette Nette/EBITDA peuvent généralement augmenter leur dette pour financer leur croissance ou des acquisitions.

Ratios liés aux dividendes :

Pour les investisseurs en actions, les multiples liés aux dividendes offrent des informations clés sur la rentabilité et les retours aux actionnaires :

Taux de Rendement d’une Action = Dividendes / Capitaux Propres

  • Mesure le retour sur investissement des actionnaires basé sur les dividendes versés.

Taux de Distribution = Dividendes / Résultat Net

  • Indique la part des bénéfices distribuée sous forme de dividendes.

    

Focus sur le PER (Price-to-Earnings)

Le PER est l’un des multiples les plus connus :

 PER = Cours de l’Action / Bénéfices Nets (EPS) = Capitalisation Boursière / Résultat Net

Interprétation :

Un PER de 17 signifie qu’acheter toutes les actions de l’entreprise coûterait 17 années de bénéfices nets.

  • PER < 10 : Considéré comme faible, possiblement sous-évalué.
  • PER entre 10 et 20 : Moyenne pour de nombreux secteurs.
  • PER > 20 : Considéré comme élevé, souvent justifié par un fort potentiel de croissance.

Étude de cas classique :

Si l’entreprise A a un PER de 14 et acquiert l’entreprise B avec un PER de 9 dans une transaction 100 % actions :

L’opération sera probablement relutive, car le PER de A est supérieur à celui de B. Une opération relutive augmente l’EPS de l’entreprise acquéreuse, tandis qu’une opération dilutive le réduit.

    

Ajustements post-multiples

Une fois les multiples calculés, des discounts sont souvent appliqués pour ajuster la valorisation en fonction des risques ou des spécificités de l’entreprise :

Discount de taille : les petites entreprises présentent des risques accrus en raison d’une diversification moindre et d’une influence limitée sur le marché.

Discount de liquidité : reflète la difficulté de vendre des actions sur des marchés privés ou peu actifs.

Discount de risque : Prend en compte les risques opérationnels ou financiers plus élevés.

Discount pour absence de contrôle : S’applique souvent lors de la valorisation d’intérêts minoritaires, en raison de l’absence de pouvoir décisionnel.

    

Le rôle stratégique des multiples

Les multiples de valorisation ne se limitent pas à des chiffres ; ils permettent d’analyser la santé financière, la position sur le marché et le potentiel de croissance d’une entreprise.

Par exemple,  les multiples basés sur l’EV sont largement utilisés en M&A car ils sont indépendants de la structure du capital, ce qui les rend idéaux pour comparer des entreprises ayant des stratégies de financement différentes. Les multiples basés sur l’EqV, comme le PER ou le ROE, sont pour leur part plus pertinents pour les investisseurs en actions, qui se concentrent sur les retours pour les actionnaires.

L’utilisation stratégique de ces multiples aide à identifier les entreprises sous-évaluées, à évaluer les opportunités d’acquisition et à justifier les valorisations lors des négociations.

Ainsi les multiples de valorisation sont des outils indispensables pour les analystes, investisseurs et décideurs d’entreprise. En combinant des multiples clés comme l’EV/EBITDA, la Dette Nette/EBITDA et le PER, et en appliquant des ajustements adaptés aux risques et aux conditions de marché, il est possible de produire des analyses de valeur robustes. Cependant, les multiples ne sont fiables que dans le contexte où ils sont utilisés. Il est crucial de tenir compte du secteur, du potentiel de croissance et des conditions économiques pour garantir des comparaisons pertinentes et précises